Lors de mes différents échanges, j’emploi généralement le passé quand je parle de mon métier de gestionnaire de micro-crèches. Et bien sûr, cela a sauté aux yeux de plusieurs personnes qui me posent cette fameuse question :
Mais pourquoi as-tu vendu tes micro-crèches ?
Jusqu’à présent, j’essayais d’esquiver la question, mais je pense que le temps est venu pour moi d’être sincère et de vous donner enfin la réponse.
Alors déjà , cela n’a aucun rapport avec le fait qu’une micro-crèche n’est pas rentable, que cela ne vaut pas le coup de se lancer, pas du tout !
Si tu es ici, sur ce site, c’est parce que je crois en ce projet, que c’est un métier d’avenir.

Commençons par le commencement
J’ai ouvert ma première micro-crèche en 2015, 2 jours après les 1 an de ma première fille. De ma grossesse jusqu’à ce jour, t’imagine bien qu’il s’est passé beaucoup de choses :
- La recherche d’un local, validé par la PMI. A l’époque, j’avais brûlé certaines étapes et j’avais lancé les pré-inscriptions auprès des familles sans avoir l’accord de la mairie. Ce qui m’a valu un refus du maire car le terrain était placé sur une zone inondable. Du coup, j’ai dû annoncer à toutes les familles que ce projet n’aurait finalement pas lieu ici.
- Plusieurs visites, validation de PMI, mais il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas.
- Au bout du 3eme local, Alléluia ! Je te passe les étapes recherche de banque, travaux, aménagement, montage de meubles, recrutement et rendez-vous familles mais la crèche ouvre enfin !

Le mois suivant, j’apprend que je suis enceinte ! Une nouvelle victoire ! Mais je travaillais sur le terrain à l’époque avec mon équipe (grâce à mon cap petite enfance). J’ai été contrainte de recruter une remplaçante et j’ai ainsi pu m’occuper uniquement du métier de gestionnaire.
Ma seconde fille a 1 an et j’attaque les travaux de ma seconde micro-crèche qui ouvre 3 mois après !
Un peu plus d’un an après, avec mon conjoint, nous décidons de déménager et achetons une maison avec quelques travaux. Et comme j’aime bien les challenge, cela m’a semblait le moment idéal pour ouvrir une 3eme micro-crèche !
C’était donc la folie car nous devions gérer nos 2 enfants (2 et 4 ans), les travaux de la maison mais aussi les travaux de la 3eme micro-crèche !
Je ne te raconte pas le nombre d’aller-retour chez Leroy Merlin sur l’année 2018 ! Je peux juste te dire que je connaissais tout le personnel et que je suis devenue « cliente passion » !!!
Et d’un coup, tout s’effondre
Juste là, tout aller plutôt bien dans ma vie.
J’ai du mettre un terme au contrat de ma directrice et j’ai décidé de me charger aussi de cette nouvelle fonction.
Pour ce faire, j’ai décidé de passer une VAE d’éducatrice de jeunes enfants. Et je pense que c’est à partir de là que les choses ont commencé à être difficile pour moi.
Parce que je me pensais wonder woman, je pensais pouvoir tout assumer, tout gérer, mais au bout d’un moment, je me suis rendue compte que j’avais vraiment atteint mes limites. Et que je ne voulais surtout pas devenir wonder woman, je laisse ma place à Gal Gadot avec plaisir.

Et du jour au lendemain, sans vraiment comprendre pourquoi, tout s’effondre et je n’y arrive plus. Tout me semble insurmontable, je n’arrive plus à rien. Crises d’angoisse, pertes de connaissances, pleurs à répétitions, je ne me reconnais plus. En même temps, un groupe de crèche me contacte car ils sont intéressés par le rachat de mes crèches. Je me laisse séduire et j’accepte leur offre.
Avec du recul
A l’heure où je t’écris (juillet 2020), cela fait 6 mois que j’ai vendu ma société. J’ai donc eu le temps de prendre le recul nécessaire pour analyser la situation et comprendre ce qui n’allait pas.
J’ai fait un burn out car j’ai voulu trop en faire.
« Le burn out apparaît quand le travailleur ressent un écart trop important entre ses attentes, la représentation qu’il se fait de son métier et la réalité de son travail. Concrètement, face à des situations de stress professionnel chronique, la personne en burn out ne parvient plus à faire face.
https://sante.lefigaro.fr/fiches/burn-out/quest-ce-que-cest
Si je devais recommencer demain, voici les 3 règles que je suivrai à la lettre :
Déléguer
Je recruterai une référente technique et je passerai beaucoup de temps avec elle. Ce temps d’échange ne sera pas perdu, loin de là, car il me permettra d’apprendre à la connaitre et de lui faire confiance. La confiance, c’est la clé du travail en équipe, il n’y a pas de secret !
Si tu veux que ça marche, tu dois te donner les moyens de faire en sorte que ta référente soit ton bras droit. Lui parler, la former, répéter, expliquer à nouveau, peu importe le temps que ça prend, mais il faut prendre ce temps. D’autant plus lorsque tu développe ton activité avec la création de nouvelles micro-crèches.
Couper à la maison
Si c’était à refaire, je me forcerai à faire une vraie coupure entre la vie professionnelle et la vie privée. Parce qu’à la longue, ça va finir par te bouffer. Il faut réussir à trouver le bon équilibre. Pour ma part, si je peux te donner un conseil, surtout :
- Lire tes mails à 21h à la maison : NON
- Répondre aux familles le week end : NON
- Partager la totalité de tes problèmes à ton partenaire, tous les soirs : NON, il existe des groupes Facebook de gestionnaires de micro-crèches et même des réseaux « réels » auxquels tu peux participer.
Prendre du temps pour soi
Etre bienveillant envers soi-même permet d’être bienveillant avec les autres
Faire du sport, se prélasser dans un gros bain, lire un livre 20 minutes avant d’aller ce coucher, fais ce que tu veux mais un instant tous les jours qui n’appartient à personne d’autre que toi ! C’est ton moment, profites en !
C’est impressionnant comme c’est bénéfique pour toute ta journée.
Par exemple, après avoir déposer les enfants à l’école ce matin, je me suis accordée 25 minutes de yoga avant de commencer ma journée ! Et je peux te dire que ça m’a mis dans un état de bien être jusqu’à ce soir !
Tout ces petits moments là, tu vas voir que c’est pas des moments perdus, ne culpabilise pas de les prendre. Grâce à cela, tu vas appréhender ta journée sur un nouvel angle, avoir une vision beaucoup plus positive !

Si je décide de me livrer à travers cet article, c’est parce que j’ai envi de te faire partager les leçons que j’ai pu tirer de ce burn out. Oui tu vas devenir gestionnaire avec toutes les responsabilités et la pression que cela comporte. Mais tu n’es pas que cette personne, ne l’oublie pas !
Partage en commentaire tes impressions par rapport à cet article et je te répondrai rapidement !
Sophie,
Un enfant, puis un deuxième, puis une maison puis un nouveau travail (devenir gestionnaire 1 fois puis 2 fois puis 3 fois)… tant de moments qui pris séparément sont déjà tellement FORTS dans une vie. Toi tu les as combinés TOUS ensemble…. ton burn out est tout à fait compréhensible.
Concernant le poste que tu occupais pour ta 1ère micro crèche, tu dis « je travaillais sur le terrain à l’époque avec mon équipe (grâce à mon cap petite enfance) ».
Cela veut-il dire que tu étais salariée de ta micro-crèche ? En EURL ou SARL ?
SI OUI : Je te pose cette question car je ne trouve pas le bon statut juridique pour être à la fois gestionnaire + salariée. En EURL il y a un soucis quant au lien de subordination inexistant alors, et donc c’est impossible. En SARL cela veut dire qu’il faudrait un autre associé et je préférerais monter seule mon projet.
SI NON : tu étais peut-être encadrante sans salaire et tu percevais une rémunération de gestionnaire. Combien pouvais-tu te rémunérer par mois environ ?
Merci par avance pour tes réponses et pour ton blog !
Salut Lily !
Déja, merci pour ton retour.
Pour être franche, j’étais gênée de vous faire découvrir cette partie de ma vie et les commentaires que je reçois sont très touchant …
Pour répondre à ta question, mon statut juridique est une SASU (société par action simplifiée unipersonnelle) et j’étais salariée de ma société (donc fiche de paie, sécurité sociale …).
Je te le dis en avant première mais je prépare justement une formation sur le thème des statuts juridiques car tu n’es pas la seule à te creuser les méninges pour trouver le statut idéal.
Cela va vraiment dépendre de ta situation professionnelle mais aussi personnelle.
En tout cas, si tu veux être gestionnaire et salariée, tu peux aussi te pencher sur le statut SASU, c’est peu-être celui qui te correspond !
Bon courage dans ton avancée 😉
Merci pour ta réponse Sophie !
Tu m’apprends que tu étais donc salariée de ta société en précisant fiche de paie, sécurité sociale…
Cotisais-tu également pour le chômage ?
(je te pose cette question car dans un autre domaine d’activité j’ai une amie qui est gérante salariée avec bulletin de salaire, sécurité sociale mais PAS de cotisation pour le chômage)
Et ça ça change tout !
De plus en tant que gestionnaire, du fait de ton mandat te versais-tu une rémunération mensuelle et/ou un versement de dividende à la fin de l’année ? Si oui, sans nous donner son montant bien sûr, pourrais-tu nous en donner une fourchette pour avoir une idée ?
(là aussi, le peu de réponse que j’ai trouvé sur le web est 500 euros de rémunération par mois en tant que gestionnaire pure et là ça fait un peu « peur » quand même…)
Ces questions de salaire/rémunération sont très peu évoquées et pourtant tellement essentielles pour envisager un peu plus sereinement de se lancer dans l’aventure.
Alors merci par avance pour ton complément d’information.
Re Lily !
Non, pas de chômage malheureusement ! Et oui, ça change tout !
Pour la rémunération, en SASU, tu peux te verser un salaire et/ou un dividende, le montant va dépendre de ton chiffre d’affaires, c’est donc compliqué de te donner un montant.
Juste un conseil, quand tu prépares ton business plan, ne t’oublis pas 😉
Superbe ton article Sophie !! J’ai déjà du mal à déléguer et de prendre du temps pour moi dans mon quotidien de femme/maman donc merci pour ces avertissements car je travaillais déjà à corriger cela, même avant d’avoir mon projet de micro-crèche.
Tu as monté ta 2ème crèche en 3 mois alors que tu avais des enfants en bas-âge !!! tu étais VRAIMENT une wonder woman, une gestionnaire dans l’âme !!
C’est vrai que souvent jme dis que sans mes enfants j’aurais bien passé toutes mes journées à travailler, avec plaisir, sur le montage de mon projet!!! Je pense qu’avec une bonne organisation(faire garder ses enfants) et une bonne santé, on peut y arriver…
Le fameux burnout… des passionnés perfectionnistes qui s’oublient en chemin 😉 Merci d’en parler et de rappeler à quel point trouver un juste équilibre et aller moins vite (même si c’est frustrant) est essentiel
Merci beaucoup pour ce touchant et authentique article. Je suis en cours d’ouverture de ma première MC, passionnée de nature… et je sors d’un burn out général pro et parental… Alors même si je vais bien maintenant, ton article renforce en moi l’importance de garder chaque chose à sa place et de ne pas chercher à tout maîtriser. J’appliquerai tes bons conseils, MERCI
Merci pour tant de transparence ! Pas facile mais quand le corps dit stop, c’est un signe. Je ne connaissais pas ce « concept » de micro crèches… merci aussi pour la découverte
Merci Sophie,ton message me touche beaucoup je voulais moi même devenir EJE en passant par la vae pour être gestionnaire et référente technique être seule a bord avec mon équipe sachant que je suis ap depuis plusieurs années.Mais depuis un mois je me tâte a faire cette vae car en même temps j aimerais avoir un bras droit comme tu dis, délégué un peu tout en ayant cette conseillere pédagogique (l eje)donc oui tu as raison on ne peut pas toute faire ni être sur toutes les fronts.Tu peux être fière de toi et de ta famille,même si tu as vendu tes micro crèche tu as fait une belle expérience riche en émotions tout en étant mère de famille,(je te tire mon chapeau)
Je te remercie pour tout tes conseils,ça m aide pour mon projet de création,car j aimerais en ouvrir plusieurs par la suite.Pour la 1 ère être gérante et salarié,puis après être que gérante.
Merci encore et désolé pour le pavé.☺️
merci pour ce témoignage avec tant d’authenticité. Ton expérience est très touchante.
Ce que je retiens de mes expériences passées d’entrepreneur, c’est que beaucoup du succès et de l’équilibre vie privée, vie professionnelle tient dans l’organisation que l’on met en place.
Cette organisation est faite pour évoluer, mais la concevoir et la tester autant que possible avant de lancer son activité est fondamental…
Il. y a un film qui décrit cela très bien : « Le fondateur ».
Bonjour Sophie!merci beaucoup pour votre sincérité, je suis encore porteur de projet! Mais je prendrai vos conseils très au sérieux et merci encore pour votre partage!
À mon tour de te remercier pour ce témoignage, qui remet les choses à leur place. Merci de le partager avec autant d’honnêteté, cela me permet déjà de me calmer dans ma tête alors que je ne suis qu’au début de mon projet.
J’en profite pour te remercier aussi pour ton blog, une mine d’informations, je fouille et farfouille partout 😊
Une petite question concernant les groupes fb de gestionnaire de MC : je n’arrive pas à en trouver même en mettant plusieurs mots clés. Est-ce que tu aurais des noms de groupes ?
Merci encore !!
Merci Laura pour ce message qui me touche énormément !
Ca me donne encore plus la pèche pour continuer 😁
Pour les groupes Facebook :
– Micro crèche : porteurs de projets, gérants, salariés…
– Les professionnels de Micro-crèche
– Comment créer sa micro-crèche ? besoin de témoignages
Super merci pour les noms des groupes !
Et tant mieux si ça te donne envie de nous donner encore plus d’infos sur ton expérience 😄👌🏻
Bonjour et merci pour ta sincérité tu as raison sur tout ce que tu dis
j en ai 3 et je suis passée par ces moments de doutes et avant de craquer je me suis forcé à déléguer ! C est la clef ! Tous les matins 30 mns de sport ça apporte un réel bien être il faut prendre le temps de vivre et surtout je me suis aperçu que les crèches roulaient aussi bien et que mes équipes sont au top
C est là aussi le secret être bien entouré est primordial
À bientôt et encore merci
Merci beaucoup pour ce retour !
Je suis tellement d’accord avec toi, déléguer c’est la clé du succès si tu veux y arriver 😁
Bravo à toi en tout cas, tu as su prendre le recul que je n’ai réussi à prendre …
Je te souhaite plein de bonnes choses !